Adoption au Rwanda d'une loi sur les partis et
d'une loi électorale
KIGALI, 24 juin (AFP) - Le Parlement rwandais a adopté une loi qui
régit la création et les activités des partis politiques et devait
approuver mardi soir une loi électorale avant des élections générales
décisives en août et septembre prochains.
L'adoption de ces deux lois ouvre la voie aux premières élections
générales depuis le génocide, présentées comme les premiers
scrutins multipartites depuis l'indépendance en 1962 de ce petit pays
d'Afrique centrale.
"La loi sur les partis a été adoptée hier (lundi) soir", a affirmé mardi à
l'AFP le secrétaire exécutif de la Commission électorale, Pierre-Damien
Habumuremyi.
Il a affirmé que cette loi n'a pas subi beaucoup de modifications au
niveau du parlement, étant donné qu'elle "avait déjà été discutée au
niveau du Forum des partis, et les députés sont issus de ces mêmes
partis".
Le Forum des partis politiques est une instance d'auto-régulation des
partis politiques et des grandes lignes de consensus adoptées par tous
les partis légaux, en particulier la lutte contre le "divisionnisme"
ethnique.
La deuxième loi qui doit être adoptée avant le début de la préparation
des scrutins présidentiel et législatif, la loi électorale, "devrait être
adoptée par le parlement mardi après-midi", selon M. Habumuremyi.
Certaines dispositions du projet de la loi sur les partis reflètent les
séquelles du génocide de 1994.
La loi interdit ainsi aux organisations politiques "de s'identifier à une
race, une ethnie, un clan, une région, un sexe, une religion ou tout
autre élément pouvant servir de base de discrimination".
Elle stipule que les partis doivent constamment refléter, dans le
recrutement de leurs adhérents et dans la composition de leurs
organes de direction, "l'unité de la nation rwandaise".
Elle interdit également la mise sur pied d'organisations "à caractère
militaire ou paramilitaire".
Pour le scrutin présidentiel, le projet de loi prévoit que le président de
la République est élu au suffrage universel et secret pour un
mandat de sept ans, renouvelable une seule fois.
En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.
L'élection a lieu au scrutin uninominal à un tour à la majorité relative
des suffrages exprimés.
Les candidats à la présidence doivent être de nationalité rwandaise de
naissance, au moins d'un parent rwandais de naissance, avoir 35 ans
au moins à la date du dépôt de leurs candidatures, justifier d'une
résidence sur le territoire national et d'une inscription sur les
listes électorales au moment du dépôt.
Le vote de ces deux lois importantes intervient après le retour le 20
juin au Rwanda, après huit ans d'exil en Belgique, de l'ancien Premier
ministre rwandais Faustin Twagiramungu.
Il a confirmé, dès son arrivée à Kigali, qu'il se présenterait "comme
candidat à la présidence", lors du scrutin prévu en août prochain.
Le président rwandais Paul Kagame ne s'est pas encore déclaré
officiellement candidat à sa propre succession. Son parti, le Front
patriotique rwandais (FPR), devrait en principe annoncer son candidat
début juillet, d'après le porte-parole du gouvernement, Joseph Bideri.
M. Twagiramungu sera obligé de se présenter comme candidat
indépendant.
L'Assemblée nationale et le gouvernement ont en effet demandé la
dissolution de son parti, le Mouvement démocratique républicain
(MDR), le principal parti à dominante hutue, accusé par
le gouvernement de propager la haine ethnique.
Les deux autres indépendants, l'ancien ministre Jean-Népomuscène
Nayinzira, et le médecin Théoneste Niyitegeka, ne feront pas le poids
ni contre M. Twagiramungu ni contre Paul Kagame si ce dernier se
déclare candidat, comme il est très probable, selon des observateurs,
aussi bien rwandais qu'étrangers.